vendredi 9 février 2007

Tergiversations nocturnes (3ème partie)

Tatatantantan ! Tel était le générique de l’émission « En direct, avec VOS représentants ». Aucun animateur n’était requis. Le téléspectateur, se retrouvait directement face à la chambre des représentants et souvent en plein débat. Il fallait toujours un petit moment pour comprendre de quoi il s’agissait.

Les traits des intervenants étaient souvent aussi bien tirés que les costumes qu’ils portaient. Quoi qu’en fait de goût, nos représentants auraient bien besoin de formation adaptée. Les premières remarques de mon assemblée concernaient souvent l’attitude et l’état vestimentaire des députés. Les femmes avaient le don de tout passer au crible et de ne rien rater, j’ai toujours été impressionné par leur capacité de tout balayer d’un seul regard. Et pendant nos séances, elles s’en donnaient à cœur joie ; pantalon trop court, chemise mal repassée, assortiment de couleur inédit… elles distribuaient aussi les bonnes notes quand il y avait matière à le faire mais c’est beaucoup plus attrayant de s’attarder sur les bourdes que de saluer les réussites. Les hommes, détendus par l’atmosphère commençaient à s’intéresser de plus près aux débat et c’étaient les séances de questions réponses qui remportaient le plus franc succès auprès de tout le monde.

Le principe en est simple, selon un thème défini, chaque groupe parlementaire pose sa question, par le biais d’un représentant, au ministre concerné par le thème et ce dernier doit y apporter une réponse. Le représentant, s’il n’est pas satisfait par la réponse a la possibilité de le faire savoir et demander plus d’éclaircissement ce à quoi le ministre doit répondre. Ce ping-pong peut durer un certain temps jusqu’à ce que le président de la séance décide de passer à la question suivante.

Au bout de quelques questions réponses, les mêmes remarques finissaient toujours par faire surface. Mais c’est quoi cette question ? Elle n’a rien à voir avec le thème abordé ? Et c’est quoi cette réponse ? Il prend vraiment les gens pour plus bête qu’ils n’en sont ? Puis des remarques plus conciliantes se faisaient entendre : On ne doit sûrement pas comprendre tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Ils doivent savoir de quoi ils parlent même si nous n’arrivons pas à réellement suivre.

Je n’intervenais jamais dans les débats, même si l’envie était difficile à réprimer par moment. Je me contentais de regarder et de tout enregistrer dans mon esprit, pas question d’en perdre une miette. Je n’écrivais jamais rien devant les participants pour ne pas éveiller une méfiance toujours à l’affût.

Les séances se terminait toujours dans un brouhaha terrible où les gens étaient divisés entre une envie de crier leur désarroi de voir le niveau si faible des débats, une incompréhension de l’enjeu de l’expérience et surtout une conviction renforcée qu’il ne sert à rien de suivre les séances de la chambre des représentants.
Aucun questionnaire à la sortie, juste quelques poignées de main échangées et une garantie réaffirmée qu’aucun nom ne sera cité ni même gardé.

Ce qui ressortait de cette expérience c’est que rien dans ce qui se passe dans la chambre des représentants n’intéressait au niveau du fond les personnes sondées. Ni la teneur des débats, ni l’importance des projets de lois présenté. Même les plus motivés d’entre eux et ceux qui avaient un niveau universitaire finissaient par lâcher prise. J’en arrivais même à comprendre nos chers représentants qui préfèrent une bonne sieste à la participation à la vie de l’hémicycle.
Je me suis donc rabattu sur la seule chose qui était susceptible d’intéresser mon auditoire à savoir la forme. Je me suis attelé à décortiquer tous les ‘comment’ de nos représentants ; comment ils parlent, comment ils s’habillent, comment ils se tiennent ….

La série d’articles publiée essayait de traiter avec humour l’ensemble des aspects sociaux dans l’enceinte de l’hémicycle. J’ai pu aborder des sujets aussi profonds que l’élégance vestimentaire, l’éloquence ou l’absentéisme. Par la suite, j’ai organisé des sondages afin de décerner des prix dans les catégories du représentant(e) le(a) plus élégant(e) et le(a) moins élégant(e) ou désigner la meilleure bafouille. Les sondages ont même élu avec une transparence exemplaire le(a) représentant(e) invisible, la marmotte de l’hémicycle et sa mascotte, toujours par le système de vote des lecteurs (mais rassurez vous, il n’y avait pas de numéro surtaxé).

La série a remporté un franc succès, les lecteurs en avaient ras le bol de toujours lire les mêmes billets plus au moins bien écrits auquel personne ne comprenait fichtrement rien et leur ont préféré un langage plus proche de leur préoccupations. De plus, l’idée d’interactivité a plu au plus grand nombre.

3 commentaires:

Selma a dit…

Bonsoir,
j'adore cette série,j'avais l'habitude de regarder les séances parlementaires à la télévision l'après midi quelques fois,et je peux vous dire que je suis sortie avec les même conclusions que vous.

votre idée de faire une fiction sur ça est géniale!

bonne continuation

karim bekouchi a dit…

@Selma
Ton enthousiasme me fait plaisir et je t'en remercie. Je me permets de te tutoyer si cela ne te dérange pas. Les séances parlementaires ont longtemps été pour moi un sujet d'étonnement. Plus je les regarde moins je les comprend. J'espère, au moins, que ceux qui y participent soient plus avisés que nous autres ;).

Anonyme a dit…

J'ai oublié de dire BOSTIITCH parce que précurseur du petit journal au fait. Bien joué M. BEKOKA... Désolé pour l'amalgame mais c'est plutot flatteur (J'espère)