jeudi 15 février 2007

Tergiversations nocturnes (5ème partie)

Le contrat fut signé à la veille du début de la campagne des élections municipales. J’avais envie de traiter le sujet différemment. Mon idée consistait à essayer de comprendre les raisons qui poussaient les candidats à se présenter au suffrage ? Est ce l’envie d’œuvrer pour le bien de la communauté ? Ou est ce par mégalomanie qu’un candidat pense être celui qui stigmatiserait les attentes de ces concitoyens et apporter les solutions ad hoc à leurs préoccupations quotidiennes ?

Je m’étais entouré d’une équipe de journalistes à peine sortis d’école, cela avait le double avantage de représenter une charge salariale moins lourde (eh oui je suis devenu patron) et de me permettre de travailler avec des jeunes motivés et pas encore totalement pervertis par le système.

Mon carnet d’adresse m’avait permis d’avoir l’accord d’une demi douzaine de candidats toutes appartenances politiques confondues qui acceptaient d’être suivi durant leurs campagnes et d’accorder à mes reporters des PASS VIP pour qu’ils puissent les suivre partout, s’imprégner de l’âme de la campagne et être aux premières loges pour recueillir ces moments inédits d’espoir à la publication d’un bon sondage ou de doute à la sortie d’un article assassin, d’euphorie après un bain de foule enthousiaste. En somme, mes journalistes devaient être des éponges et ne perdre aucune miette du fabuleux spectacle qui allait s’offrir à eux. L’enjeu était qu’ils puissent, par la suite, livrer aux lecteurs la quintessence de cette aventure en essayant de suivre la ligne directrice que j’avais fixée.

Pour montrer l’exemple, j’ai décidé d’ouvrir le bal. Le candidat que j’ai choisi était l’aîné du secrétaire général du parti qui mène la majorité gouvernementale. Ce dernier avait préféré ne s’attribuer aucun portefeuille ministériel et clamait à qui voulait l’entendre que son rôle était de réhabiliter la pratique politique dans le pays. C’était, au passage, un bon ami, ou du moins il faisait partie de ceux que je considérais ainsi dans un milieu où chacun n’est motivé que par sa propre quête de pouvoir.

J’ai fait ma petite enquête et j’ai su que mon client avait écumé en vain les bancs de plusieurs universités prestigieuses et qu’il avait fini par décrocher un diplôme « Ukrainien » de pharmacie. A 35 ans, il n’était pas encore marié et préférait le comptoir des endroits à la mode à celui de sa pharmacie idéalement située dans le quartier des hôpitaux.

Notre première rencontre fut planifiée dans un lieu haut en signification politique. Le café de la bourse était l’endroit où le parti que son père dirigeait avait vu le jour cinquante ans auparavant. Les murs étaient jonchés de photos d’une jeunesse militante et pleine d’espoir.

J’aime me retrouver dans ce genre d’endroits chargés d’histoire. J’avais l’impression que j’allais apercevoir assis ou plutôt debout sur une table un de ces jeunes gens qui ont vécu cette époque bénie où tout était possible…

Je suis quelqu’un pour qui la ponctualité ne représente qu’une lourde contrainte et n’est au final qu’un détail insignifiant par rapport à l’immensité de l’univers et à sa complexité infinie. Ceci dit, au bout d’une heure et demi d’attente, j’avais fini d’imaginer la vie de tous ces imbéciles heureux collés sur les murs et commençais à trouver le temps outrageusement long.

Je ne voulais pas me laisser aller à des considérations réductrices et faire un raccourci hasardeux entre le temps passé à poiroter et le respect que me portait mon rendez-vous mais la situation se prêtait allègrement à ce genre de déduction.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

''Je suis quelqu’un pour qui la ponctualité ne représente qu’une lourde contrainte et n’est au final qu’un détail insignifiant par rapport à l’immensité de l’univers et à sa complexité infinie.''

J'adore cette phrase et j'y adhère complètement :) (et j'ai même pas honte de le dire :)))

karim bekouchi a dit…

@Kenza,
En réalité je suis quelqu’un d'extrêmement ponctuel, tu peux demander à Issam. Riiiiiiiiires

Je suis ravi que tu aies remarqué mon petit clin d'oeil.

Anonyme a dit…

pas mal

Anonyme a dit…

Oui oui il est tres ponctuel mais je pense que c'est juste encore une question de conformite , on a pas la meme unite de mesure du temps et evidement il adhere pas a l'universel ou pas conforme au standard... ;o) safi chouya on va mattribuer le prix du meilleur kharmaz de lannee,

well done man je suis lhistoire and excited about what's going to happen next!

karim bekouchi a dit…

@Issam
Je te présente officiellement mes plus plates excuses pour tous les retards que j'ai pu avoir et je te remercie pour avoir si généreusement appliqué les principes de la relativité à mon modeste cas.
C'est grave docteur?

Anonyme a dit…

...Et un jour il réussit à faire travailler des petites mains - presque sortis de l'école - sur un projet dans une certaine banque bien connue surtout des riches...=)

Bon pour la critique, je trouve vraiment bien l'évolution de l'histoire. Le personnage est attachant - me rappelle vaguement quelqu'un - et son évolution, un vrai pokémon le type...

J'garde la fin pour un autre soir... ZzzzZZ