jeudi 22 février 2007

العطلى

مرحبا بكم فبلادكم

جيتو معمرين جيابكم؟

كيتسناكم PIBلا هيرحيت ل'

خاصه ديك البركة ديالكم

عُشرو من عشوركم

دايرين شي انتخامات حشاكم

ما تصوطو حد ما تبرزطو راسكم

انتوما هي ارتاحو فداركم

متقلين بالكادويات لاحبابكم

الله يحسن عوانكم

حتى حد ما عادركم

ياك معمرين بعدا جيابكم

وا المازوط هلكنا فغيابكم

و التعليم كرفص ولادكم

وكن جبتو شي دوا للطبيطار معاكم

و المحكمة كلها صداع نساوها من بالكم

العطلة سالات و جمعو راسكم

اللي عندو شي مركوب ينوض يالله نوصلكم

واو! شديتو اللّويّن و خففتو تقلكم

الطريق السلامة الله يعاونكم

العام الجاي بالأغاني نتسناوكم

"أنت قرة العين فالصمايم

أنت العزوة فالليالي

آرى وانقص من الفهايم

ياك تعرضنا ليك بلالة و مالي"

mercredi 21 février 2007

Tergiversations nocturnes (Suite et Fin)

(Je voulais faire durer le suspens mais je n'ai pas pu résister à l’envie de livrer le dernier épisode de la série)
Ma décision était prise, tout était clair à présent, mais quand je me suis installé sur mon bureau, une boule s’est nouée dans ma gorge et mes mains commencèrent à trembloter. Je me suis obligé à rester assis, à prendre un stylo et à commencer à gribouiller.

Tandis que je rédigeai l’article, des souvenirs de jeunesse remontaient à la surface. Je me suis rappelé les veilles d’examen où je n’avais pas encore fini de réviser et étais sûr de ne pas pouvoir le faire même en passant la nuit entière à essayer. Je me suis souvenu de la peur viscérale et des maux de tête que cette peur me donnait.

Ce qui me rassurait, dans pareils cas, c’était le sentiment de liberté que je ressentais à la sortie de l’examen. Pendant quelques heures, réussir ou pas m’importaient peu, la sensation de m’être débarrassée d’un poids très lourd me faisait presque quitter la terre.

Je m’accrochais à ce sentiment et m’évertuais à abréger au plus vite ma souffrance. J’avais fini par choisir le candidat au licenciement, et je vous avoue que c’est à contre cœur et dans la douleur que j’ai rapporté son nom dans l’article, je n’ai pas promis de lui infliger de châtiment exemplaire mais j’informais les lecteurs que j’avais accepté sa démission.

Le ton de l’article n’était, par contre, pas aussi révérencieux que certains pourraient penser. Au lieu de m’excuser, j’ai raconté en détail ce qui s’est passé depuis la publication du premier numéro du journal. J’ai évoquai mon évasion chez mes grands parents, la visite du secrétaire générale et sa demande de sortir un démenti et de faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre.

J’ai expliqué comment ce chantage me répugnait et qu’au-delà de mon éthique en tant que journaliste l’accepter affecterait irrémédiablement mes principes en tant qu’être humain.

J’ai néanmoins reconnu que mon article fut rédigé sur le coup de la colère et que même si cette colère était légitime, elle a probablement pu altérer mon jugement. Ceci dit, il était compréhensible que je sois excédé de voir se créer des castes désireuses de s’accaparer le pouvoir alors que le pays venait à peine de se débarrasser des faucons qui l’avaient pillé pendant plusieurs décennies.

J’ai conclu en remerciant les lecteurs pour leur soutien et leur fidélité et ai espéré pouvoir renouer le contact avec eux très prochainement.

Pourquoi ai-je conclu mon article avec des paroles d’Adieu ? Tout simplement parce que l’employé que j’ai désigné était moi !

Tergiversations nocturnes (7ème partie)

« Boodel (veuillez excuser l’utilisation de cette expression et son orthographe insolite), c’est mon premier numéro et je réussis l’exploit de le faire retirer de la vente et de me faire interdire même la publication du journal». Je n’avais qu’une envie, rester sous la couette, je n’étais plus en colère contre cet idiot et je n’avais pas encore commencé à regretter mon papier que je trouvais plutôt de bonne qualité.

Le lendemain matin, mon père débarqua chez mes grands parents avec le SG du parti !!!!

« Fais chier ! (Je pars de l’hypothèse que si vous avez excusé la première expression vous ferez volontiers de même pour la deuxième) » Me suis je dit, je suis cuit. Bien que je sois indépendant financièrement et que je mène ma barque comme je l’entends, je ne peux rien rétorquer à mon père. J’ai très vite compris qu’il conditionnait l’amour au respect et le respect au silence total quand il parle même si ce silence n’est pas accompagné d’obéissance.

Ce qui m’embêtait, c’est qu’en sa présence je ne pouvais pas répondre au Secrétaire Générale et allais, par la force des choses, reconnaître que j’ai eu tort. Ce petit rat le savais bien pour avoir été impressionné par ma tenue et mon silence devant mon père alors qu’en son absence j’étais une terreur et une pipelette inconditionnée et il en a profité jusqu’à inciter mon père à me demander de sortir un démenti et faire porter le chapeau à un de mes journalistes qui aurait signer le papier en mon nom.

J’avais courageusement essayé de protester mais quand vu les traits de mon père se durcir et ses yeux rougir de la honte que j’allais lui causer en osant répondre devant un invité qui ne faisait pas partie de la famille, j’ai du me cantonner au silence. Du coup, mon père a pris l’engagement ferme en mon nom que tout allait rentrer dans l’ordre. Il était très fier d’avoir raccommodé son fils avec l’establishement. Le secrétaire général, quant à lui, cachait à peine sa joie d’avoir remporté une victoire aussi franche et aussi facile.

Je suis donc rentré chez moi résigné à rédiger ce maudit démenti.

Debout, dans ce balcon, tiraillé par ces idées, une voix vient me sortir de ma torpeur.

« Ça va finir par te tuer » c’était la voix de ma mère

« Change de disque, ils l’ont même écrit sur le paquet » lui ai-je répondu.

Elle a sourit puis m’a répondu sur un ton moqueur : « Tu engueules volontiers ta pauvre mère qui veut ton bien et tu te laisses piétiner par ton père »

« Ah si tout le monde comprenait tout aussi vite que toi ! Mais je vous aime tant tout les deux »

« Qu’aurais tu fais si tu étais à ma place ? »

« Je ne suis pas à ta place, et je remercie Dieu d’avoir réussi ton éducation et que tu sois face à ce genre de dilemme, il y a tellement de jeunes dont le lot quotidien se résume à passer le temps en attendant le lendemain sans espoir de changement »

Ma mère est exceptionnelle, tu es dans la misère la plus totale et elle est heureuse pour toi, mais ses mots m’ont fait réalisé que tout restait relatif dans la vie et que même si je décidais de plier pour ne pas casser et sauver l’emploi d’une douzaine de personne en dehors du bouc émissaire qu’il me restait à désigner, ce n’était, au final, qu’une petite concession par rapport à des personnes qui sont obligés d’accepter les pires humiliations pour même pas le prix d’un repas par jour.

J’étais sur le point de plier quand une voix dans ma tête s’est mise à me harceler et à marteler mon esprit tourmenté avec un conseil qu’un oncle avisé m’avait prodigué le jour où je m’étais battu avec ce grand costaud qui m’avait traité de binoclard (oui je parle beaucoup de ma famille et alors ? si ça se retrouve, mes lecteurs se résumeront à ses membres). Il m’avait dit qu’ils existaient trois référentiel qui guident la décision d’un homme : le cœur, la raison et la sagesse. J’étais fier qu’à 12 ans il me considérait déjà comme un homme même si maintenant je sais que c’était du conditionnement pour que je l’écoute plus attentivement. Il faut dire qu’il a réussi son coup vu que je m’en rappelle encore.

Si je transpose cet adage dans mon cas actuel ça se traduirait par le fait que mon cœur m’avait fait écrire un article incendiaire à juste titre d’ailleurs (je ne change pas facilement d’avis) et que la raison me pousse à rédiger un démenti et à licencier un employé pour en sauver 10 autres. Mais ce que je n’arrivais pas à entendre, c’était la voix de la sagesse ?

J’ai tiré une dernière taffe de ma cigarette à moitié entamée et je l’ai trempée dans ma tasse de café. Je sais que pour les non fumeurs c’est dégueulasse de faire ça mais cette méthode a l’avantage d’étouffer net la cigarette..

« JE VAIS L’ECRIRE CET ARTICLE »

lundi 19 février 2007

Tergiversations nocturnes (6ème partie)

Cinq minutes plus tard et alors que j’avais décidé de partir à l’arrêt de la 5ème Clio au feu rouge juste en face du café, voilà notre homme qui pointe ses ray ban en balbutiant quelques excuses désespérantes par leur manque d’imagination et de conviction.

Ma première réaction dut lui paraître pour le peu insolite : « Avec ce genre d’arguments, vous ne ferez pas long feu en politique. Ayez de l’imagination pardi ! Mettez de la conviction dans tout ce que vous dites ! Votre père a le pouvoir de rendre intéressant l’épisode le plus banal. »

J’ai, sciemment, évoqué son père car je savais que ça ne devait pas être toujours un plaisir de porter un nom aussi connu et que tout le monde devait, sans cesse, faire la comparaison entre le premier de la classe et ce cancre poussé et poussif.

Avant qu’il n’eût le temps de répliquer j’avais balayé du revers d’une main toute tentative de polémique et avais appelé de l’autre le serveur.

« Qu’est ce que vous prenez ? » lui avais-je lancé

« Qu’est ce que vous avez comme bières ? » demanda-t-il au garçon

Le froncement de sourcil de ce dernier m’a fait intervenir, j’ai pris les devants et lui ai demandé de nous apporter deux cafés noirs.

« Quelle idée de demander une bière dans un café? »

« Ben quoi ?! C’est trop tôt ? »

« Vous vous êtes déjà assis à la terrasse d’un café dans ce pays ? »

« Ben oui, pas plus tard qu’hier, j’étais au paradis perdu et nous avons été très convenablement servis et croyez moi ce n’était pas du thé à la menthe » dit il avec un petit clin d’œil provocateur.

Il avait évoqué le nom d’une célèbre discothèque très branchée dont l’entrée était réservée à quelques initiés et pseudos jet-seteurs.

J’avais pensé à une réponse du style « nous ne sommes pas du même monde » mais je me suis rétracté pour ne pas pourrir l’ambiance encore plus qu’elle ne l’était. J’ai donc troqué ma réponse assassine contre une diplomatique suggestion : « Si vous voulez bien, commençons l’interview »

J’entrepris de lui exposer l’objectif de l’exercice qui était de porter l’intérêt sur les motivations personnelles et « profondes » qui conduisait un candidat à se présenter aux élections etc.

Il m’a tout de suite arrêté pour me dire que toutes ces conneries ne l’intéressaient pas et que s’il acceptait de jouer le jeu c’était uniquement pour faire plaisir à son « POPO ». De plus, il n’appréciait que très modérément mon ton inquisiteur et que de toute façon il allait gagner parce que c’est son « POPO » qui voulait qu’il se présente et qu’il était de fait, assuré, de la victoire. Après quoi, il prit une posture quasi présidentielle, me balança : « Cette entrevue est terminée » puis partit sans se retourner.

Ma colère était indescriptible, je bouillonnais de rage, ce petit minable m’avait pris de haut et m’avait retiré en se retirant toute possibilité de reprendre le dessus. S’il y a une chose que je déteste le plus au monde c’est la rupture et son départ en provoquait une dans le sens où il ne laissait plus aucune place au dialogue ni à l’éventualité de trouver un terrain d’entente. Il se croyait invulnérable avec le soutien de son père et imaginait tout pouvoir se permettre. J’allais lui montrer les limites de cette invulnérabilité.

Au lieu d’appeler le son père, j’ai pris mon bloc notes et rédigeai un article tout feu tout flamme intitulé : « papa a voulu que je sois député (quand le siège devient héritage)». J’ai énuméré toutes les frasques de notre jeune candidat, tout ce qui se racontait en off sur lui, ses déboires avec la police, ses cures de désintoxication…j’ai agrémenté le tout avec le bout d’interview que j’ai réalisé et reproduit textuellement la partie où il évoquait son désintérêt total pour la politique, la volonté de son père et sa victoire assurée.

Quelques heures après la publication de cet article, passé miraculeusement entre les filets de la censure gouvernementale sans doute parce que le rejetant était parti se saouler au lieu de prévenir son père de la tournure qu’avait pris l’interview, les coups de fils commencèrent à retentir. Le standard fut vite saturé et j’avais pris le soin d’éteindre mon portable à l’heure de la mise sous presse. Je ne voulais parler à personne, aussi avais je quitté la capitale et suis-je réfugié dans la maison de mes grands parents. A la fin de la journée, j’ai su qu’un conseil des ministres s’était tenu et qu’il a été convenu de l’arrêt de publication et le retrait du numéro de la journée. Le vent de liberté qui soufflait se tût d’un coup sec.

vendredi 16 février 2007

حنين إلى القدس


عندماأحن إليك يا حجر

إلى فاقدي الأمل

إلى قاذفيك في وجه القدر

أرى وجوها شاحبة

في زي عسكري أخضر

أرى مالا أرى جاها

أرى صيتا يضاهي ضوء القمر

فليأخذوا المال و الجاه

وليقلعوا حتى الشجر

و ليتركوا لنا الحجر

jeudi 15 février 2007

Tergiversations nocturnes (5ème partie)

Le contrat fut signé à la veille du début de la campagne des élections municipales. J’avais envie de traiter le sujet différemment. Mon idée consistait à essayer de comprendre les raisons qui poussaient les candidats à se présenter au suffrage ? Est ce l’envie d’œuvrer pour le bien de la communauté ? Ou est ce par mégalomanie qu’un candidat pense être celui qui stigmatiserait les attentes de ces concitoyens et apporter les solutions ad hoc à leurs préoccupations quotidiennes ?

Je m’étais entouré d’une équipe de journalistes à peine sortis d’école, cela avait le double avantage de représenter une charge salariale moins lourde (eh oui je suis devenu patron) et de me permettre de travailler avec des jeunes motivés et pas encore totalement pervertis par le système.

Mon carnet d’adresse m’avait permis d’avoir l’accord d’une demi douzaine de candidats toutes appartenances politiques confondues qui acceptaient d’être suivi durant leurs campagnes et d’accorder à mes reporters des PASS VIP pour qu’ils puissent les suivre partout, s’imprégner de l’âme de la campagne et être aux premières loges pour recueillir ces moments inédits d’espoir à la publication d’un bon sondage ou de doute à la sortie d’un article assassin, d’euphorie après un bain de foule enthousiaste. En somme, mes journalistes devaient être des éponges et ne perdre aucune miette du fabuleux spectacle qui allait s’offrir à eux. L’enjeu était qu’ils puissent, par la suite, livrer aux lecteurs la quintessence de cette aventure en essayant de suivre la ligne directrice que j’avais fixée.

Pour montrer l’exemple, j’ai décidé d’ouvrir le bal. Le candidat que j’ai choisi était l’aîné du secrétaire général du parti qui mène la majorité gouvernementale. Ce dernier avait préféré ne s’attribuer aucun portefeuille ministériel et clamait à qui voulait l’entendre que son rôle était de réhabiliter la pratique politique dans le pays. C’était, au passage, un bon ami, ou du moins il faisait partie de ceux que je considérais ainsi dans un milieu où chacun n’est motivé que par sa propre quête de pouvoir.

J’ai fait ma petite enquête et j’ai su que mon client avait écumé en vain les bancs de plusieurs universités prestigieuses et qu’il avait fini par décrocher un diplôme « Ukrainien » de pharmacie. A 35 ans, il n’était pas encore marié et préférait le comptoir des endroits à la mode à celui de sa pharmacie idéalement située dans le quartier des hôpitaux.

Notre première rencontre fut planifiée dans un lieu haut en signification politique. Le café de la bourse était l’endroit où le parti que son père dirigeait avait vu le jour cinquante ans auparavant. Les murs étaient jonchés de photos d’une jeunesse militante et pleine d’espoir.

J’aime me retrouver dans ce genre d’endroits chargés d’histoire. J’avais l’impression que j’allais apercevoir assis ou plutôt debout sur une table un de ces jeunes gens qui ont vécu cette époque bénie où tout était possible…

Je suis quelqu’un pour qui la ponctualité ne représente qu’une lourde contrainte et n’est au final qu’un détail insignifiant par rapport à l’immensité de l’univers et à sa complexité infinie. Ceci dit, au bout d’une heure et demi d’attente, j’avais fini d’imaginer la vie de tous ces imbéciles heureux collés sur les murs et commençais à trouver le temps outrageusement long.

Je ne voulais pas me laisser aller à des considérations réductrices et faire un raccourci hasardeux entre le temps passé à poiroter et le respect que me portait mon rendez-vous mais la situation se prêtait allègrement à ce genre de déduction.

lundi 12 février 2007

Tergiversations nocturnes (4ème partie)

Devant le succès de cette série, je me suis vu propulser au rang de reporter vedette de la rubrique politique. J’avais carte blanche, cela voulait dire que je devais faire plus attention que les autres. Carte blanche dans le jargon journalistique du pays équivaut à un ‘nous comptons sur ton autocensure !’.

J’avais bien compris le message, mais ma grande gueule ne pouvait rester muselée trop longtemps au risque de s’ouvrir de plus belle et de crier encore plus fort. J’ai eu ceci dit, la chance que les prémisses d’un vent de liberté d’expression commençaient à se laisser sentir.

Le gouvernement nouvellement élu, voulait officialiser la rupture avec ce qu’il appelait les années noires du régime. Les journalistes avaient le droit ou plutôt le devoir de dénoncer tout ce qui n’allait pas et cette énumération - je ne l’ai appris que bien plus tard - devait faire office d’état des lieux que pouvait utiliser le nouveau gouvernement pour expliquer l’immobilisme dans lequel le pays allait certainement se retrouver. Nous avions accès à pratiquement tout et partout dans le pays. J’ai donc hissé la grand-voile et glissé sur la vague.

Dans un pays qui accusait plus d’un demi siècle de mauvaise gestion, tout était pour moi du pain béni. J’accomplis mon rôle d’auditeur gouvernemental à la perfection, j’ai fait le tour de la majorité des ministères influents. L’ensemble des responsables que je sollicitais répondaient présents et essayaient d’éviter le plus possible la langue de bois.

J’ai pu passer au crible toutes les procédures et fait ressortir beaucoup de dossiers noirs de l’ancien régime ; malversations, corruption, mauvaise gestion, abus de biens et de pouvoirs…

Tous les anciens y sont passés. Des affaires vieilles de plus d’un quart de siècle ont refait surface et je me suis évertué à les faire correspondre aux causes de nos malheurs actuels.

J’étais la plume dénonciatrice par excellence. Chaque semaine apportait son lot de scoops et de scandales.

Cette euphorie dura près de trois années, durant lesquelles mon aura dépassa les frontières du pays et plusieurs chaînes internationales m’ont fait des offres à la manière du parrain « que je ne pouvais pas refuser ».

Quand je revois cette étape de ma vie, je ne regrette rien. J’ai peut être servi le régime mais je l’ai fait de bonne foi. J’aurais, peut être, du résister à cette inertie d’espoir populaire, j’aurais du m’arrêter un instant, prendre du recul, penser que cela était trop beau pour être vrai. Mais je me suis laissé aller à rêver et me suis presque auto persuadé par la possibilité pour un pays de connaître la renaissance. Et si c’était à mon pays que cela arrivait ? Et si c’était aujourd’hui que ce changement se produisait ?

J’ai encensé cette nouvelle pratique de la politique, cette nouvelle gouvernance, j’ai vanté les mérites de ce gouvernement qui a eu le courage de signer un nouveau pacte non pas avec le peuple comme entité presque réductrice mais avec chaque citoyen de cette nation. Aucun changement réel n’était perceptible mais j’y croyais tellement que je voyais dans chaque décision prise une rupture franche avec ce passé si terne.

Mon enthousiasme a été accueilli au sein de mon journal comme une connivence avec le gouvernement, comme un coup bas porté au cœur du parti qui m’avait recueilli à la sortie de l’institut et qui m’avait donné mes titres de noblesse dans la profession. Je n’avais aucune sympathie pour les responsables du parti, ils étaient tout ce que je voulais changer, ils représentaient tout ce que je voulais fuir. Aussi, n’avais-je pas hésité une seconde à leur remettre ma démission.

Parmi les offres que j’avais reçu, une émanait d’un groupe d’édition qui me proposait de monter mon propre quotidien, j’ai sauté sur l’occasion. J’allais devenir patron !!

vendredi 9 février 2007

Tergiversations nocturnes (3ème partie)

Tatatantantan ! Tel était le générique de l’émission « En direct, avec VOS représentants ». Aucun animateur n’était requis. Le téléspectateur, se retrouvait directement face à la chambre des représentants et souvent en plein débat. Il fallait toujours un petit moment pour comprendre de quoi il s’agissait.

Les traits des intervenants étaient souvent aussi bien tirés que les costumes qu’ils portaient. Quoi qu’en fait de goût, nos représentants auraient bien besoin de formation adaptée. Les premières remarques de mon assemblée concernaient souvent l’attitude et l’état vestimentaire des députés. Les femmes avaient le don de tout passer au crible et de ne rien rater, j’ai toujours été impressionné par leur capacité de tout balayer d’un seul regard. Et pendant nos séances, elles s’en donnaient à cœur joie ; pantalon trop court, chemise mal repassée, assortiment de couleur inédit… elles distribuaient aussi les bonnes notes quand il y avait matière à le faire mais c’est beaucoup plus attrayant de s’attarder sur les bourdes que de saluer les réussites. Les hommes, détendus par l’atmosphère commençaient à s’intéresser de plus près aux débat et c’étaient les séances de questions réponses qui remportaient le plus franc succès auprès de tout le monde.

Le principe en est simple, selon un thème défini, chaque groupe parlementaire pose sa question, par le biais d’un représentant, au ministre concerné par le thème et ce dernier doit y apporter une réponse. Le représentant, s’il n’est pas satisfait par la réponse a la possibilité de le faire savoir et demander plus d’éclaircissement ce à quoi le ministre doit répondre. Ce ping-pong peut durer un certain temps jusqu’à ce que le président de la séance décide de passer à la question suivante.

Au bout de quelques questions réponses, les mêmes remarques finissaient toujours par faire surface. Mais c’est quoi cette question ? Elle n’a rien à voir avec le thème abordé ? Et c’est quoi cette réponse ? Il prend vraiment les gens pour plus bête qu’ils n’en sont ? Puis des remarques plus conciliantes se faisaient entendre : On ne doit sûrement pas comprendre tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Ils doivent savoir de quoi ils parlent même si nous n’arrivons pas à réellement suivre.

Je n’intervenais jamais dans les débats, même si l’envie était difficile à réprimer par moment. Je me contentais de regarder et de tout enregistrer dans mon esprit, pas question d’en perdre une miette. Je n’écrivais jamais rien devant les participants pour ne pas éveiller une méfiance toujours à l’affût.

Les séances se terminait toujours dans un brouhaha terrible où les gens étaient divisés entre une envie de crier leur désarroi de voir le niveau si faible des débats, une incompréhension de l’enjeu de l’expérience et surtout une conviction renforcée qu’il ne sert à rien de suivre les séances de la chambre des représentants.
Aucun questionnaire à la sortie, juste quelques poignées de main échangées et une garantie réaffirmée qu’aucun nom ne sera cité ni même gardé.

Ce qui ressortait de cette expérience c’est que rien dans ce qui se passe dans la chambre des représentants n’intéressait au niveau du fond les personnes sondées. Ni la teneur des débats, ni l’importance des projets de lois présenté. Même les plus motivés d’entre eux et ceux qui avaient un niveau universitaire finissaient par lâcher prise. J’en arrivais même à comprendre nos chers représentants qui préfèrent une bonne sieste à la participation à la vie de l’hémicycle.
Je me suis donc rabattu sur la seule chose qui était susceptible d’intéresser mon auditoire à savoir la forme. Je me suis attelé à décortiquer tous les ‘comment’ de nos représentants ; comment ils parlent, comment ils s’habillent, comment ils se tiennent ….

La série d’articles publiée essayait de traiter avec humour l’ensemble des aspects sociaux dans l’enceinte de l’hémicycle. J’ai pu aborder des sujets aussi profonds que l’élégance vestimentaire, l’éloquence ou l’absentéisme. Par la suite, j’ai organisé des sondages afin de décerner des prix dans les catégories du représentant(e) le(a) plus élégant(e) et le(a) moins élégant(e) ou désigner la meilleure bafouille. Les sondages ont même élu avec une transparence exemplaire le(a) représentant(e) invisible, la marmotte de l’hémicycle et sa mascotte, toujours par le système de vote des lecteurs (mais rassurez vous, il n’y avait pas de numéro surtaxé).

La série a remporté un franc succès, les lecteurs en avaient ras le bol de toujours lire les mêmes billets plus au moins bien écrits auquel personne ne comprenait fichtrement rien et leur ont préféré un langage plus proche de leur préoccupations. De plus, l’idée d’interactivité a plu au plus grand nombre.

jeudi 8 février 2007

صرخة

لم أعد أطيق
أخبار و حكايات
أختنق
من قتَل؟ من قُتِل؟
رائع لم يفتنا شيء
رأيناهم مباشرة
عسى الرب أن يحمي أمريكا
يا لروعة الجبناء
حذار و البقر! قد تكون إرهابية
!قف حيث أنت! سنحررك
لا تتحرك وإلاّ رميناك حريةً
!!مدفع رشاش

mardi 6 février 2007

Tergiversations nocturnes (2ème partie)

Bien que la première partie ne fut saluée que par les membres de ma famille, je ne perd pas espoir et vous livre la deuxième partie de la nouvelle. (Après tout, ma famille a bien le droit de connaitre la suite)

Mes premiers articles furent d’une timidité affligeante, ils se bornaient à décrire un climat politique très flou où chacun allait de sa propre interprétation. Des dissensions en veux tu en voilà, des partis qui organisaient des congrès nationaux tous les six mois, d’autres qui s’ingéniaient à trouver des raisons pour en retarder la tenue le plus possible, des coups bas, des affaires sombres dont le fin mot relevait plus du mythe que du scoop…

Je me croyais dans une cour de maternelle, il y avait le fort un peu bêta traîné par le petit rusé, la petite fille belle comme un ange qui adorait terroriser tout le monde et se plaignait à la maîtresse en feignant un air de martyr, bref tout les ingrédients pour ne pas s’ennuyer mais rien pour espérer une démarche citoyenne et responsable.

Et puis, j’ai eu l’idée d’écrire une série d’article autour de l’intérêt que porte la rue aux sessions parlementaires. Comme je savais que personne ne les regardait sauf s’il y était obligé, J’ai décidé d’obliger les gens où du moins quelques personnes prises au hasard à regarder une séance et à en débattre par la suite ou du moins à livrer leurs impressions.

J’ai organisé, avec l’aval perplexe du chef de la rédaction des séances-parlementaires-party dans les locaux du journal. J’ai fait paraître une annonce et une fois par semaine, je recevais une dizaine de personnes parmi ceux qui y répondaient et nous regardions l’émission autour de verres de thé et de quelques petits gâteaux chaleureusement confectionnés par ma mère. « Le journal fournissait le local et le matériel mais je me débrouillais pour les amuse-gueules ».

Concernant le choix des candidats, je tiens à préciser que les gens ne se bousculaient pas pour participer à mon expérience, je prenais donc ceux qui daignaient répondre. Une seule sélection était de mise, aucun d’agent des forces de l’ordre quelque soit son unité d’appartenance ou son grade.

Les réunions se déroulaient selon un scénario quasi-identique, je commençais par expliquer pendant quelques minutes le principe de l’expérience en insistant sur le fait que rien de ce qu’ils pouvaient dire ne serait retranscris sous leurs identités, qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise attitude et que l’intérêt de l’expérience était de connaître le sentiment de chacun face à l’émission et qu’ils pouvaient véritablement se lâcher si l’envie les prenaient de le faire. J’annonçais, ensuite, le programme de la séance, questions orales, écrites, participation des ministres de tel ou tel ministère, discussion de projet de loi, vote …etc.

Je dois avouer que cette partie était la plus pénible pour tout le monde, c’est là où la plupart des gens commençaient à se dire « mais dans quoi je me suis embarqué ?». Mais j’avais une feinte !! C’est à cet instant que mon assistant entrait en jeu. En l’occurrence, il s’agit de mon frère qui au lieu de s’ennuyer devant la télé venait m’aider pendant ses vacances d’été. Il faut dire que les gâteaux de ma mère étaient sublimes, dès qu’il frappait à la porte, je sortais ma réplique phare : « j’arrête de vous embêter avec toutes ces idioties auxquelles même moi je ne comprend rien et place à quelque chose de plus joyeux ! ». Le visage radieux, haut de ses 19 ans, mon frère apportait les deux plateaux fraîchement sortis du four par la chef ! Il était mignon ce grand gaillard un peu gauche, d’ailleurs, je lui interdisais de servir le café à cause de cette maladresse. Je voyais le regard des femmes qui l’enviaient à ma mère et celui des demoiselles qui auraient bien troqué cette séance contre une balade en bord de mer avec lui. A ce moment fatidique, je sortais une série de « tberk Allah » et « sayakfikahoumou Allah » que ma mère m’avait expressément demandé de répéter à cinq reprise à chaque fois que je repérais des regards envieux afin de chasser le mauvais oeil. Je servais ensuite le thé pendant que mon frère distribuait les gâteaux. Pendant le service, j’essayais un peu de jauger les participants pour avoir leurs réactions avant le début de l’expérience. La plupart restaient sur la défensive, ce qui était très normal dans une société qui a appris à se méfier de tout et de tout le monde.

jeudi 1 février 2007

Tergiversations nocturnes (partie 1)

J'espère que cet essai va vous plaire, si vous voulez la suite, faites le savoir s'il vous plait.

« Je n’écrirai rien ce soir ! » L’inspiration m’ayant quitté, je préfère renoncer, c’est sans doute plus sage ! Bien sur, je pourrais m’entêter et pousser l’obstination jusqu’à user le filon comme font ces chercheurs d’or qui, en désespoir de cause, décident de tamiser pour la nième fois le tas qu’ils se sont évertués à passer au peigne fin durant des jours mais mon amour propre et ma hantise de la médiocrité me l’interdisent.

Je me décide de me traîner jusqu’au balcon et en griller une en attendant que « ça » se passe.

La nuit est étrange, en temps d’inspiration, elle est amante fidèle mais ce soir elle est si froide, elle repousse mes avances et tente de se débarrasser de moi au plus vite. Elle doit sûrement haïr ceux qui renoncent, en tout cas, elle fait tout son possible pour me le faire comprendre.

Les rafales d’un vent glacial se succèdent et ne sont entrecoupés que par les cris de la très solennelle dispute biannuelle de mes voisins pourtant si calmes quand le mari ne rentre pas ivre mort. Et dire qu’il s’était rangé après son retour de la Mecque et que ses pieds avaient oublié le chemin du bar ! Décidemment, la mémoire pédestre est tenace !

Cette brève diversion prend fin et je retourne à ma réflexion première avec la force de cette nouvelle bourrasque qui vient me flageller le visage « Brrrrrrrrrrrrrrr …»

Donc « je n’écrirai rien ce soir» disais-je, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi continuer à écrire tout court ? Si ce n’est que c’est mon gagne pain et qu’il offre des satisfactions et quelques petits avantages que rares sont les métiers conventionnels à pouvoir assurer.

Je suis ce qu’on appelle communément « un journaliste ». Sans réel fibre pour le travail d’investigation ni flair infaillible pour dénicher l’information avant les autres, mon réel talent est d’arriver à dénoncer systématiquement tout ce qui ne va pas autour de moi et donc autour du citoyen moyen.

Cette honorable vocation m’a généreusement accueillie au hasard des candidatures semées bon gré mal gré après l’obtention de ma maîtrise en communication. J’ai été surpris de recevoir ma lettre d’admission à l’institut de formation aux métiers de l’information et au vu de l’absence totale de réponses de la part des entreprises que j’ai sollicitées, je me suis docilement décidé à intégrer ce prestigieux institut.

J’ai tout de même une qualité nécessaire même si elle n’est pas forcément suffisante pour faire ce métier ; j’ai la fâcheuse tendance de toujours l’ouvrir grand quand il vaut mieux imiter les carpes et de dire tout haut ce que tout le monde ose à peine chuchoter même en comité restreint. Cette réputation qui m’a valu d’être un enfant hyperactif, un adolescent extrêmement difficile et un étudiant sans discipline allait me permettre de décrocher mon premier poste de rédacteur dans une publication quotidienne à gros tirage.

Je vous passe les détails mais il se trouve que le parti qui finance ce journal venait de perdre les élections après avoir participé à tous les gouvernements des deux dernières décades et il était en pleine restructuration en ce qui peut s’apparenter à un parti d’opposition.

Mon franc parler durant les entretiens a du être du meilleur effet sur mes interlocuteurs surtout quand j’ai entamé une critique certes populiste mais très virulente concernant les raisons de l’échec du parti. J’avais fini mon élocution par « charité bien ordonnée commence par soi même » ce à quoi le rédacteur en chef avait rétorqué que la charité serait de me botter les fesses et me jeter dare-dare hors de son bureau puis il est parti dans un rire rauque qui s’est terminé en toux grasse.

Quelques jours après, j’ai reçu ma carte de presse et toutes mes accréditations et suis devenu officiellement reporter à la rubrique politique.