mercredi 21 février 2007

Tergiversations nocturnes (7ème partie)

« Boodel (veuillez excuser l’utilisation de cette expression et son orthographe insolite), c’est mon premier numéro et je réussis l’exploit de le faire retirer de la vente et de me faire interdire même la publication du journal». Je n’avais qu’une envie, rester sous la couette, je n’étais plus en colère contre cet idiot et je n’avais pas encore commencé à regretter mon papier que je trouvais plutôt de bonne qualité.

Le lendemain matin, mon père débarqua chez mes grands parents avec le SG du parti !!!!

« Fais chier ! (Je pars de l’hypothèse que si vous avez excusé la première expression vous ferez volontiers de même pour la deuxième) » Me suis je dit, je suis cuit. Bien que je sois indépendant financièrement et que je mène ma barque comme je l’entends, je ne peux rien rétorquer à mon père. J’ai très vite compris qu’il conditionnait l’amour au respect et le respect au silence total quand il parle même si ce silence n’est pas accompagné d’obéissance.

Ce qui m’embêtait, c’est qu’en sa présence je ne pouvais pas répondre au Secrétaire Générale et allais, par la force des choses, reconnaître que j’ai eu tort. Ce petit rat le savais bien pour avoir été impressionné par ma tenue et mon silence devant mon père alors qu’en son absence j’étais une terreur et une pipelette inconditionnée et il en a profité jusqu’à inciter mon père à me demander de sortir un démenti et faire porter le chapeau à un de mes journalistes qui aurait signer le papier en mon nom.

J’avais courageusement essayé de protester mais quand vu les traits de mon père se durcir et ses yeux rougir de la honte que j’allais lui causer en osant répondre devant un invité qui ne faisait pas partie de la famille, j’ai du me cantonner au silence. Du coup, mon père a pris l’engagement ferme en mon nom que tout allait rentrer dans l’ordre. Il était très fier d’avoir raccommodé son fils avec l’establishement. Le secrétaire général, quant à lui, cachait à peine sa joie d’avoir remporté une victoire aussi franche et aussi facile.

Je suis donc rentré chez moi résigné à rédiger ce maudit démenti.

Debout, dans ce balcon, tiraillé par ces idées, une voix vient me sortir de ma torpeur.

« Ça va finir par te tuer » c’était la voix de ma mère

« Change de disque, ils l’ont même écrit sur le paquet » lui ai-je répondu.

Elle a sourit puis m’a répondu sur un ton moqueur : « Tu engueules volontiers ta pauvre mère qui veut ton bien et tu te laisses piétiner par ton père »

« Ah si tout le monde comprenait tout aussi vite que toi ! Mais je vous aime tant tout les deux »

« Qu’aurais tu fais si tu étais à ma place ? »

« Je ne suis pas à ta place, et je remercie Dieu d’avoir réussi ton éducation et que tu sois face à ce genre de dilemme, il y a tellement de jeunes dont le lot quotidien se résume à passer le temps en attendant le lendemain sans espoir de changement »

Ma mère est exceptionnelle, tu es dans la misère la plus totale et elle est heureuse pour toi, mais ses mots m’ont fait réalisé que tout restait relatif dans la vie et que même si je décidais de plier pour ne pas casser et sauver l’emploi d’une douzaine de personne en dehors du bouc émissaire qu’il me restait à désigner, ce n’était, au final, qu’une petite concession par rapport à des personnes qui sont obligés d’accepter les pires humiliations pour même pas le prix d’un repas par jour.

J’étais sur le point de plier quand une voix dans ma tête s’est mise à me harceler et à marteler mon esprit tourmenté avec un conseil qu’un oncle avisé m’avait prodigué le jour où je m’étais battu avec ce grand costaud qui m’avait traité de binoclard (oui je parle beaucoup de ma famille et alors ? si ça se retrouve, mes lecteurs se résumeront à ses membres). Il m’avait dit qu’ils existaient trois référentiel qui guident la décision d’un homme : le cœur, la raison et la sagesse. J’étais fier qu’à 12 ans il me considérait déjà comme un homme même si maintenant je sais que c’était du conditionnement pour que je l’écoute plus attentivement. Il faut dire qu’il a réussi son coup vu que je m’en rappelle encore.

Si je transpose cet adage dans mon cas actuel ça se traduirait par le fait que mon cœur m’avait fait écrire un article incendiaire à juste titre d’ailleurs (je ne change pas facilement d’avis) et que la raison me pousse à rédiger un démenti et à licencier un employé pour en sauver 10 autres. Mais ce que je n’arrivais pas à entendre, c’était la voix de la sagesse ?

J’ai tiré une dernière taffe de ma cigarette à moitié entamée et je l’ai trempée dans ma tasse de café. Je sais que pour les non fumeurs c’est dégueulasse de faire ça mais cette méthode a l’avantage d’étouffer net la cigarette..

« JE VAIS L’ECRIRE CET ARTICLE »

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