mercredi 21 février 2007

Tergiversations nocturnes (Suite et Fin)

(Je voulais faire durer le suspens mais je n'ai pas pu résister à l’envie de livrer le dernier épisode de la série)
Ma décision était prise, tout était clair à présent, mais quand je me suis installé sur mon bureau, une boule s’est nouée dans ma gorge et mes mains commencèrent à trembloter. Je me suis obligé à rester assis, à prendre un stylo et à commencer à gribouiller.

Tandis que je rédigeai l’article, des souvenirs de jeunesse remontaient à la surface. Je me suis rappelé les veilles d’examen où je n’avais pas encore fini de réviser et étais sûr de ne pas pouvoir le faire même en passant la nuit entière à essayer. Je me suis souvenu de la peur viscérale et des maux de tête que cette peur me donnait.

Ce qui me rassurait, dans pareils cas, c’était le sentiment de liberté que je ressentais à la sortie de l’examen. Pendant quelques heures, réussir ou pas m’importaient peu, la sensation de m’être débarrassée d’un poids très lourd me faisait presque quitter la terre.

Je m’accrochais à ce sentiment et m’évertuais à abréger au plus vite ma souffrance. J’avais fini par choisir le candidat au licenciement, et je vous avoue que c’est à contre cœur et dans la douleur que j’ai rapporté son nom dans l’article, je n’ai pas promis de lui infliger de châtiment exemplaire mais j’informais les lecteurs que j’avais accepté sa démission.

Le ton de l’article n’était, par contre, pas aussi révérencieux que certains pourraient penser. Au lieu de m’excuser, j’ai raconté en détail ce qui s’est passé depuis la publication du premier numéro du journal. J’ai évoquai mon évasion chez mes grands parents, la visite du secrétaire générale et sa demande de sortir un démenti et de faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre.

J’ai expliqué comment ce chantage me répugnait et qu’au-delà de mon éthique en tant que journaliste l’accepter affecterait irrémédiablement mes principes en tant qu’être humain.

J’ai néanmoins reconnu que mon article fut rédigé sur le coup de la colère et que même si cette colère était légitime, elle a probablement pu altérer mon jugement. Ceci dit, il était compréhensible que je sois excédé de voir se créer des castes désireuses de s’accaparer le pouvoir alors que le pays venait à peine de se débarrasser des faucons qui l’avaient pillé pendant plusieurs décennies.

J’ai conclu en remerciant les lecteurs pour leur soutien et leur fidélité et ai espéré pouvoir renouer le contact avec eux très prochainement.

Pourquoi ai-je conclu mon article avec des paroles d’Adieu ? Tout simplement parce que l’employé que j’ai désigné était moi !

11 commentaires:

Anonyme a dit…

waw tu t'es laché :)

j'ai tout lus d'une traite, et sérieusement je m'attendais pas à une fin pareille :))

j'aurais tout de même une petite remarque qui peut être aurait gardé le suspence jusqu'à la fin: Pourquoi ne pas avoir mis en parlant du démenti que c'est le bouc emissaire qui est allé rencontrer le SG et raconter les aveux en son nom et puis finir par dire que le bouc émissaire désigné c'etait lui :)

ce n'est qu'une suggestion ...

en tout les cas merci de cette belle histoire que j'ai suivi avec grand plaisir :)

j'attend la prochaine ;)

karim bekouchi a dit…

@Kenza,
First of all, je suis très content que la fin te plaise, j'avais vraiment peur de me planter en livrant une fin à la RTM comme semblait redouter Issam.

J'avais pensé à une fin où tout le monde allait être pris de cours y compris le Secrétaire Général et je voulais les mettre tous devant le fait accompli. Ce genre d’attitude ressemble bien à notre journaliste qui aime toujours avoir le dernier mot.

D'autre part, étant sevré depuis mon jeune age à la télé, j'ai une imagination très visuelle ou télévisuelle. En écrivant cette nouvelle, j'imaginais un film, il aurait fallu pour tourner la scène que tu proposes entre le journaliste et le SG ne pas filmer le premier pour maintenir le suspense et le fait de ne pas montrer le visage du bouc émissaire allait mettre les gens sur la voie.

Ceci dit, dans un récit, toutes ces contraintes visuelles disparaissent et l’auteur a beaucoup plus de liberté. Je te remercie de me l’avoir rappelé !

Anonyme a dit…

Karim, voilà je me suis remise au Blog :)

j'espère te voir chez moi bientot :)

Anonyme a dit…

Alors :) tout d'abord merci pour cette belle histoire, tu sais je vais avoir du mal maintenant, il faut que je me trouve un autre feuilleton

Ah tiens, prevoi un truc pour le mois de Ramadan!! :)

Un petit commentaire sur la fin : personnellement elle me parait realiste ce que je trouve bien (je ne sais pas si lauteur voulait ainsi ou pas) et proche du contexte de lhistoire pas comme font certains en ajoutant une ptit bout de fictio ou une touche artistique personnelle qui risque des fois de tout gacher.

Enfin c'est un avi perso d'un connaisseur, si jamais des pros se baladent par la!

Good good!

Anonyme a dit…

J'ai commencé le feuilleton un peu au mieux mais je vais rectifier le tir. Sinon je voulais te dire que tu as un très style. J'adore.

Anonyme a dit…

Très beau style

karim bekouchi a dit…

@Issam
Je t’avoue que sans essayer de te faire plaisir la fin s'est imposée à moi presque par elle même. Je suis heureux qu'elle ne ressemble pas à ton goût au fin RTMienne. riiiiires.

Je ne sais pas si des professionnels seraient intéressés. Qu’importe ! J’étais surtout fier que l'idée eût plu et aussi d'avoir pu garder tout au long de l’histoire un semblant de cohérence.

Pour la série du mois de Ramadan je ne suis pas sur de pouvoir rivaliser avec les fameux fawazir mais je te promets d'essayer de m'améliorer d'ici là

karim bekouchi a dit…

@une marocaine
Je te remercie pour ton passage et j'espère que tu aimeras la nouvelle. Dommage que tu aies lu la fin avant le début mais je crois que ça n'enlève pas tout intérêt à l'histoire. Enfin ce n'est que l'avis de l'auteur
Merci pour ton soutien

Anonyme a dit…

Je viens de prendre ta série en lisant le pernier épisode !

Une chose est sûr, ami : tu écris "vachement bien!". pour ne pas dire que tu as style alerte, vivant et correct, très correct...Remarque les maghrébins ont toujours dominé la langue française....Mettons çà sur le compte de la revanche historique...

Je vais reprendre tout depuis le dépuis..Je suis sur que je paserai un bon samedi matin.

Anonyme a dit…

Comme je m'y attendais, j'ai savouré la lecture de ta prose. Vive, alerte, bien enlevée! Et un coup d'oeil sûr et critique sur la société!

Part d'autobiographie dans le récit? Peu importe, la vraisemblence y est!

Bravo, aml Karim!

A quand d'autres pages comme celles-ci?

karim bekouchi a dit…

@hmida
J’ai attendu avec impatience ton verdict depuis que j’ai su que tu entreprenais de lire toute la série. Je suis vraiment heureux que ça t’ait plu. Il n’y a pas d’autobiographie dans les faits mais j’ai quand même puisé dans mon caractère pour construire celui du personnage central.
En tout cas je suis juste content, je sais que je me répète et j’espère que la prochaine te plaise au moins autant.
Au plaisir de te relire Hmida !