Tout commence quand j’ai eu deux ans, cette année là, notre chère RTM (à laquelle nous vouons une haute estime pour la diversité de ces programmes, et là, ceux qui ont eu la chance de regarder la série AMOUDDOU savent que je parle sans ironie) nous avait gratifiés d’un excellent feuilleton pour enfants qui retraçait la vie du célèbre chevalier arabe Sayf Doul Yazzan, mais cette fois ci, au lieu d’acheter à nos amis et frères libanais les droits de diffusion comme pour tous les dessins animés, la chaîne avait décidé de produire elle-même son feuilleton. Elle avait choisi « les marionnettes » comme support visuel et avait embauché nos acteurs locaux dont « Al Joundi » pour faire les voix.
Je ne m’avance pas trop en disant que ce fut les marionnettes les plus hideuses et les plus monstrueuses que je n’avais jamais vu de ma vie. Elles étaient si moches qu’avec du recul, je me dis qu’ils ont du le faire exprès. J’en suis même convaincu. Et les voix, les voix !! C’était régal pour un enfant de deux ans d’entendre al Joundi hurler « OU JAAAAAAAAAAAT EL HAKIMA 3A9ISSAAAAAAA » et voir une marionnette digne d’un film d’horreur s’articuler autour d’un bras au geste approximatif et bouger comme un zombie.
Je ne vous raconte pas l’effet qu’avait cette série sur moi, rien que l’idée me faisait peur, j’en étais même arrivé à commencer à pleurer avant le début. J’en avais une peur bleue mais wahed le bleu, je ne sais pas même pas si je peux vous le décrire. Je vous passe mes crises de nerfs et mes pleurs, mes parents en étaient arrivés à craindre que je chope la jaunisse. Voyant tous cela, ils avaient décidé de bannir cette saloperie de série pour enfant. Et quand quelqu’un venait chez nous, on le mettait tout de suite au parfum de peur qu’il n’allume la télé par inadvertance à l’heure de la diffusion de la série des monstres.
Quelques années plus tard, ma mère s’est rendue compte que je continuais à avoir peur de cette série, et comme toute mère digne de ce nom, elle refusait que son fils puisse avoir peur de quoi que ce soit. Elle prit donc le parti de m’en débarrasser avant que cette peur ne se transforme en phobie.
L’intention est louable, mais la méthode l’était beaucoup moins, « à mal tenace, remède radical ». Le mieux était donc de combattre le feu par le feu. Si je devais guérir de cette peur ça ne le serait qu’en l’affrontant comme un homme.
Le stratagème était simple, il fallait trouver les symboles qui évoquaient chez moi cette peur et me contraindre à les affronter jusqu’à ce que je puisse les vaincre.
Pour cela, ma mère choisit judicieusement de n’utiliser que la voix. Elle attendait que j’éteigne la lumière et que je commence doucement à somnoler pour entrouvrir la porte de ma chambre, glisser sa tête et crier la fameuse « OU JAT EL HAKIMA 3A9ISSA » en s’évertuant à imiter la voix grave et percutante de l’excellent el JOUNDI. Je ne vous raconte l’état dont lequel cette phrase me mettait, j’avais l’impression que mon cœur allait, dans son emballement, quitter ma cage thoracique. Cette réplique était souvent suivie d’un rire aigu de méchante sorcière. La porte se refermait ensuite me laissant avec mes démons qui ne me quittaient plus de la nuit. Il m’était bien sur interdit de pleurer ou d’allumer la lumière.
J’ai eu le droit à cette thérapie d’une façon intensive durant quelques semaines au terme desquelles, le rythme des apparitions nocturnes s’était ralentit jusqu’à disparaître au bout de quelques mois.
Depuis je maudis SAYF DOUL YAZAN et j’aime encore plus ma maman.
Je ne m’avance pas trop en disant que ce fut les marionnettes les plus hideuses et les plus monstrueuses que je n’avais jamais vu de ma vie. Elles étaient si moches qu’avec du recul, je me dis qu’ils ont du le faire exprès. J’en suis même convaincu. Et les voix, les voix !! C’était régal pour un enfant de deux ans d’entendre al Joundi hurler « OU JAAAAAAAAAAAT EL HAKIMA 3A9ISSAAAAAAA » et voir une marionnette digne d’un film d’horreur s’articuler autour d’un bras au geste approximatif et bouger comme un zombie.
Je ne vous raconte pas l’effet qu’avait cette série sur moi, rien que l’idée me faisait peur, j’en étais même arrivé à commencer à pleurer avant le début. J’en avais une peur bleue mais wahed le bleu, je ne sais pas même pas si je peux vous le décrire. Je vous passe mes crises de nerfs et mes pleurs, mes parents en étaient arrivés à craindre que je chope la jaunisse. Voyant tous cela, ils avaient décidé de bannir cette saloperie de série pour enfant. Et quand quelqu’un venait chez nous, on le mettait tout de suite au parfum de peur qu’il n’allume la télé par inadvertance à l’heure de la diffusion de la série des monstres.
Quelques années plus tard, ma mère s’est rendue compte que je continuais à avoir peur de cette série, et comme toute mère digne de ce nom, elle refusait que son fils puisse avoir peur de quoi que ce soit. Elle prit donc le parti de m’en débarrasser avant que cette peur ne se transforme en phobie.
L’intention est louable, mais la méthode l’était beaucoup moins, « à mal tenace, remède radical ». Le mieux était donc de combattre le feu par le feu. Si je devais guérir de cette peur ça ne le serait qu’en l’affrontant comme un homme.
Le stratagème était simple, il fallait trouver les symboles qui évoquaient chez moi cette peur et me contraindre à les affronter jusqu’à ce que je puisse les vaincre.
Pour cela, ma mère choisit judicieusement de n’utiliser que la voix. Elle attendait que j’éteigne la lumière et que je commence doucement à somnoler pour entrouvrir la porte de ma chambre, glisser sa tête et crier la fameuse « OU JAT EL HAKIMA 3A9ISSA » en s’évertuant à imiter la voix grave et percutante de l’excellent el JOUNDI. Je ne vous raconte l’état dont lequel cette phrase me mettait, j’avais l’impression que mon cœur allait, dans son emballement, quitter ma cage thoracique. Cette réplique était souvent suivie d’un rire aigu de méchante sorcière. La porte se refermait ensuite me laissant avec mes démons qui ne me quittaient plus de la nuit. Il m’était bien sur interdit de pleurer ou d’allumer la lumière.
J’ai eu le droit à cette thérapie d’une façon intensive durant quelques semaines au terme desquelles, le rythme des apparitions nocturnes s’était ralentit jusqu’à disparaître au bout de quelques mois.
Depuis je maudis SAYF DOUL YAZAN et j’aime encore plus ma maman.